Sous l’appui financier de l’Union européenne et l’accompagnement technique de Louvain coopération, l’organisation de la société civile Action pour la Restauration de la Paix et la Justice, ARPJ en sigle, mène une campagne de plaidoyer en faveur de la participation de la femme et des personnes vivant avec handicap dans la gestion de la chose publique et pour leur accès aux instances de prise des décisions. Ce plaidoyer s’adresse aux détenteurs du pouvoir public, aux responsables des institutions et services étatiques, des services de sécurité et des structures de la société civile en tant personnes influentes ayant le pouvoir d’influencer le changement par leurs décisions.
Les femmes et filles de la province du Maniema en général et celles du territoire de Kabambare en particulier supportent péniblement le poids des us et coutumes, des mentalités rétrogrades ainsi que les corolaires des conflits armés. Aux coutumes rétrogrades des communautés du territoire de Kabambare, s’ajoute une forte influence religieuse pour étouffer et discriminer la femme en encourageant l’abus de la masculinité. De même, les conditions de vie des personnes vivant avec handicap dans le territoire de Kabambare en province du Maniema n’attirent quasiment l’attention de personne alors que celles-ci subissent la discrimination dans tous les domaines de la vie (politique, professionnelle, économique et sociale).
Cette tendance discriminatoire a des impacts directs dans la vie publique de la femme et des personnes vivant avec handicap qui se voient écartées dans la gestion de la chose publique.
Au niveau provincial, moins de 10 femmes seulement ont occupé, à ce jour, des postes décisionnels dans les 20 gouvernements provinciaux qui se sont succédés. Au niveau territorial à Kabambare, une seule femme a déjà été élue à la députation nationale ; aucune à la députation provinciale et une seule a occupé le poste d’Administrateur du territoire de Kabambare.
Lors de la publication du nouveau gouvernement provincial du Maniema sous l’arrêté n° 001/CAB/GPMANIEMA/2024 du 20 juillet 2024 portant nomination des ministres du gouvernement provincial de la province du Maniema, il a été amèrement constaté qu’aucune femme n’a été nommée sur les 10 ministres provinciaux (il a fallu que des défenseuses des droits des femmes lèvent la voix pour voir une femme nommée comme Secrétaire générale du Gouvernement provincial du Maniema et une autre placée à la tête de la Direction générale des recettes du Maniema « DGRMA » quelques jours après).
Au sein des institutions et services étatiques locaux, la femme représente un pourcentage très négligeable et n’a pas accès à des postes des décisions.
Au sein des structures de la société civile locale, il est curieux de constater un faible taux de la représentation des femmes et filles ainsi que des personnes vivant avec handicap.
Un ministère en charge des personnes handicapées a été institué au niveau du gouvernement central depuis 2019 par Son Excellence Monsieur le Président de la République démocratique du Congo pour promouvoir l’inclusion et
la participation des femmes et personnes vivant avec handicap dans la gestion de la chose publique, mais au niveau provincial, territorial et local, aucun mécanisme n’a été mis en marche pour faciliter l’intégration et la participation politiques de cette catégorie de citoyens congolais.
Ce tableau sombre sur la participation de la femme et des personnes vivant avec handicap au niveau local n’a pas d’explication à partir du moment où il existe déjà un arsenal juridique important et des mécanismes disponibles au niveau national et international qui prônent le droit des femmes et des personnes handicapées à la participation dans la gestion de la chose publique et au processus de paix et de sécurité.
Pour rappel, sur le plan juridique, plusieurs textes légaux nationaux et internationaux garantissent le respect, la protection et la promotion des droits spécifiques des femmes et des personnes vivant avec handicap. Il s’agit par exemple de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme adoptée et proclamée le 10 décembre 1948, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes adoptée en 1979, la Convention relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006, la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’agenda Femme, paix et sécurité adoptée en 2000, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples adoptée à Nairobi en 1981, la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que révisée à ce jour, notamment à ses articles 13, 14, 15 et 49, et le Plan d’action national (PAN) 1325, le Code du travail, le nouveau Code de la famille et tant d’autres textes juridiques ratifiés par la RDC.
Ces instruments juridiques garantissant le droit de participation de la femme et des personnes vivant avec handicap méritent d’être connus et appliqués par les détenteurs du pouvoir publique, les responsables des institutions et
services étatiques, des services de sécurité et des structures de la société civile.
Ce plaidoyer est mené pour que ces dispositions internationales ratifiées par la RDC et celles légiférées au niveau national soient appliquées au niveau local en faveur des femmes et personnes vivant avec handicap en tant que citoyens congolais libres et égaux.
Pour une meilleure mise en application du droit de la participation de ces derniers, nous formulons les
recommandations ci-après :
1°) Aux autorités publiques de :
2°) Aux services de sécurité de :
3°) Aux autorités judiciaires de :
4°) Aux partis politiques :
5°) Aux organisations de la société civile de :
L’organisation Action pour la Restauration de la Paix et la Justice, ARPJ en sigle et ses partenaires l’Union
européenne et Louvain coopération sont confiants de l’attention et de l’intérêt particuliers que lui réservent les
autorités locales, les responsables des institutions et services étatiques, des services de sécurités, des partis
politiques et des structures de la société civile du territoire de Kabambare.
Elles espèrent trouver gain de cause du présent plaidoyer grâce à la bonne volonté des décideurs locaux ici présents
qui devront relayer ce plaidoyer à leurs hiérarchies respectives afin de mettre en place des mesures d’application et
d’accompagnement des recommandations exprimées et des engagements formulés.